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May S'agapo
3 mars 2005

Vent du désert

Il était un viel homme, la peau cuite au noir par le soleil du désert .
qui  m'a dit que, quand il était jeune, une tempête l'avait séparé de sa caravane
et de ses épices, et qu'il avait marché desjours et nes nuits sur la rocaille et le sable.
San rien voir, que de petits lézards et des rats couleur de sable.

Mais que , le troisième jour, il était arrivé à une ville de tentes de soie,
toutes de couleurs vives. Une femme le mena à la plus grande tente,
écarlate était la soie, et posa un plateau devant lui , lui donna du sorbet glacé
à boire, et des coussins pour s'y coucher, puis, de ses lèvres rouges, elle baisa son front.

Des danseuses voilées ondulaient devant lui, leur ventre comme des dunes de sable,
les yeux comme les étangs d'eau noire des oasis,
mauves étaient leurs soieries,
et d'or leurs bagues. Il regarda les danseuses pendant que des serviteurs lui portaient à manger,
toutes sortes de plats, vins blancs comme la soie, vins rouges comme le péché.

Et puis, le vin jetant une bonne folie dans son ventre et sa tête, il bondit sur ses pieds,
au milieu des danseuses, et dansa avec elles, ses pas frappant le sable,
sautant, tapant du pied, et il prit la plus belle danseuse dans ses bras, l'embrassa. Mais ses lèvres baisèrent un crâne sec, creusé par le désert.

Et chaque danseuse mauve était devenue os, mais toujours elles se courbaient et frappaient du pied
dans leur danse. Et alors il sentit la cité des tentes, comme du sable sec, chuinter et filer
entre ses doigts, et il frissonna et enfouit sa tête dans son burnous.
et sanglota, pour ne plus entendre les tambourins.

Il était seul, dit-il en s'éveillant. Parties les tentes et partis les  afrites.
Le ciel était bleu, le soleil sans pitié. C'était il y a une vie de ça.
Il a vécu pour conter son histoire. Il a ri de ses mâchoires édentés et nous a dit ceci :
Il a revu, depuis, la ville aux tentes de soies sur l'horizon, dansant dans la brume.
Je lui ai demandé  si c'était un mirage, et il a dit oui.
J'ai dit que c'était un rêve,
et il a acquiescé, mais il a dit que c'était le rêve du désert pas le sien. Et il m'a dit
que d'ici à un an ou deux, quand il aura assez vécu,
pour un homme, alors il marchera
dans le vent jusqu'à ce qu'il voie les tentes. Cette fois-ci, dit-il , il ira avec elles.

Miroirs et Fumée de Neil Gaiman

 

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